Route pour le cap Horn

  • Capella

Pour moi, c'est le point d'orgue de ce voyage, le Graal qui est l'attente réelle de ce voyage mais qui n'aurait pas de valeur s'il n'y avait pas toute cette préparation et tous ces milles. Ce n'est pas le but qui compte mais le chemin pour y arriver. Vous pouvez toujours prendre l'avion puis un ferry local, faire le tour et revenir en avion et dire que vous avez fait le cap Horn. Bon... Alors que partir de Bretagne, descendre avec son voilier, affronter et résoudre tous les problèmes, faire le tour du cap Horn puis remonter par les canaux et l'atlantique, apporte une autre satisfaction . Ce sera un grand clin d’œil à mes aïeux qui ont tant bourlingué les mers.

 

Quand on prend un globe terrestre au lieu d'une carte posée sur la table à carte, on réalise mieux que nous sommes tout en bas de la terre, le fin del mondo, comme ils disent ici où l'homme est juste toléré et doit se plier à la nature et à la météo !

 

A Puerto Williams, cela fait plus de 10 jours que les bateaux qui vont faire le cap où ceux qui font l'antarctique attendent une fenêtre. En bas, les dépressions se succèdent avec des vents de 35 à 40 Nds plus rafales. Les vagues parait-il, déferlent puissamment. Les rares bateaux qui franchissent le Drake savent qu'ils vont de toute façon, mettre au moins une fois les barres de flèches dans l'eau.

Nous, et notre bateau en « plastique » ferons au mieux, le cap Horn reste un joli programme pour Capella.

 

Contrairement à ce que j'avais lu ici ou là, les autorités chiliennes ne nous pas demandées de routage précis ni de décrire notre parcours. Lorsque j'ai dit à la préfectura que nous sommes là pour faire le Cap Horn, ils ont juste répondu, «  c'est bien, soyez prudent et appelez sur le 16 quand vous partirez » Euh... c'est tout ? Bien sûr en remplissant les papiers habituels !

En ayant discuté avec les marins locaux qui ont déjà fait le parcours, quelques mises en garde sont utiles comme attention à la traversée de la baie de Nassau en cas de mauvais temps qui peut être un casse bateau avec les vagues et les courants à contre. Quand on voit leurs bateaux en acier ou aluminium blindé et renforcé de toute part, tu écoutes quand tu compares le tien...

Tu notes les rares mouillages où tu peux t'abriter et les passages entre les îles à prendre au bon moment pour ne pas qu'ils se transforment en piège à vent.

Je trace ma route en choisissant 2 options, une longue en passant par le canal de Washington et une plus courte en descendant le canal Bravo. Je programme le parcours sur 5 jours de Puerto Williams et retour au point de départ..

 

Par chance, nous n'aurons pas besoin d'attendre une fenêtre pendant 10 jours mais elle est courte. Sur le ponton, on discute avec ceux qui attendaient et nous arrivons à la même conclusion mais chacun le fera d'une manière différente. Ils le programment sur 3 jours, moi je préfère rester sur zone sachant qu'il faudra laisser passer un front avant de remonter. L'équipage me fait confiance. C'est une responsabilité pour moi, en veillant à ce que tout se passe pour le mieux et revenir sain et sauf. C'est là aussi, qu'il ne faudra pas que Capella nous lâche. Comme me disait un navigateur « quand tu approcheras du Horn en passant par l'ouest, il a y 2 gros cailloux, tu auras une grosse houle, et si le vent tombe à ce moment, il ne faut pas que tu es une panne de moteur pour te dégager car inexorablement le courant te portera sur les cailloux et tu ne pourras rien faire que de couler » …

Merci de l'info ! Comme l'eau ne fait que quelques degrés...

D'ailleurs, le départ est fixé le dimanche 14 janvier, il fait 9,3 ° dans le bateau à 8 heures. Un peu de chauffage fait du bien.Dehors il y a du vent, 18 à 25 Nds avec rafales de 30 d'ouest. Pire au Cap Horn mais nous allons faire une première approche vers notre 1er mouillage. Nous pensions être quelques bateaux à partir mais nous serons le seul. Le 1er mouillage d'attente classique ici est Puerto Toro, dernier village le plus au sud. Mais je préfère descendre un peu plus et aller à l’île Lennox, à la caleta Lennox et mouiller, ce qui nous fait gagner 20 milles au sud, raccourcissant la route du lendemain qui sera plus musclée même si nous serons un peu plus à l'est donc nous ferons plus de près. Le baromètre affiche 988 Hpa, nous prenons le canal de Beagle vers l'est, vu le vent, Capella file. Nous atteignons à tribord le passage de Picton pour la bahia Oglander puis le passage de Richmond. Le vent faiblit un peu. La navigation avec fraîcheur, reste agréable et surtout nous réalisons que nous sommes partis pour le Cap Horn, lieu mythique pour les marins.

Je repense à ces grands navigateurs qui ont découvert ces lieux sans aucune connaissance et uniquement avec des bateaux à voiles sans moteur, sans prévision restant à la merci du moindre faux pas. On comprend que beaucoup périrent ici.

Dire que c'est l'été ici!

Nous approchons de l'île Lennox. Il y a un danger qu'il faut parer. C'est un rocher au raz de l'eau à l'est de l’île Raquel. En cas de vent fort, on ne le voit pas. Le point GPS pour le parer et 55°17'' 10 S 66°50'' 00 W. On approche de notre mouillage à la caleta sud. Il y a des rochers sur la droite et peu de fond. La pluie commence à arriver et le vent souffle à 20 Nds. Comme il y a peu de fond, on trouve encore ces fameuses algues, il faut louvoyer. On ne peut pas trop s'approcher du bord car il y a peu d'eau. On mouille à 5m au 55° 17'' 588S 66° 50' 167 W avec 60 m de chaînes et 20 m de câblot avec orin car il y a quelques cailloux. Le mouillage clapote mais la tenue de l'ancre est bonne. Nous avons un peu enfoncé la latitude des 50 ième hurlant. Capella est arrivé jusque là et cela va continuer demain !

Dans le canal de Beagle,

 

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