Escale forcée à Quéquen.

  • Capella

Afin d'éviter de prendre de face ce nouveau front qui s'annonce avec force 8, nous faisons escale dans ce petit club nautique qui se trouve dans la rivière de Quéquen. Une station touristique appelée Nécochea avec une grande plage se trouve de l'autre côté du port. C'est une ville moderne sans intérêt architecturale dont les rues sont toutes à angle droit et des buildings en front de mer dont beaucoup de bâtiments délabrés. Nous sentons la crise argentine.

Les dauphins nous accueillent

Arrivée sous spi

Montée de la rivière :

Après avoir eu les autorités portuaires sur le canal 16 puis 12 en rentrant dans la rivière, on a sur la droite le port céréalier puis à gauche le premier très petit yacht club qui peut remonter un bateau pour carénage, puis des bateaux de pêches. Le chenal est clair en restant au milieu. Après les bateaux de pêches, il y a un pont détruit où se trouve sur la droite deux grosses épaves de cargo échoué dont un qui est rentré dans le pilier du pont. Décor surréaliste ! C'est là la difficulté car il y a un seuil qui remonte à 2,3m marée moyenne. Il faut absolument bien rester au milieu et direction vers le nord ouest pour passer ce seuil et retrouver une profondeur de 4m. Il vaut mieux choisir le passage à marée haute. Le marnage varie entre 1,2 m et 1,8 m. Ensuite il faut suivre le milieu du cours d'eau. On passe une ligne de haute tension qui est très haute, puis un chantier de carénage pour bateau de pêche et enfin arrive le mouillage des voiliers du petit club nautique Vito Dumas. Il faut s'embosser car il y a un fort courant dans la rivière et avec renverse. On nous avait indiqué un emplacement sur 2 bouées blanches à droite dès en arrivant mais un voilier s'y trouve.

Entrée par le chenal

Le passage délicat est au niveau de la croie. Bien rester au milieu 2,1 m relevé au plus bas marée basse.

Détail de notre aller retour en rouge par Capella. Le meilleur est celui de gauche pas la croix...

Entrée avec la digue à gauche. Un phare vous donne l'alignement.

Vue à tribord

Silos céréaliers en rentrant dans le port à Tribord

Puis le port de pêche à bâbord en montant

Cimetière de bateau juste avant le pont détruit . C'est juste après qu'est le passage délicat

Chantier pour bateaux avant l'arrivée sur le point de mouillage

Point de mouillage Club sur la gauche au bout d'un ponton.

Amarrage temporaire au ponton. 2,3 m de tirant d'eau marée haute.

Le soir tombant, nous nous faufilons entre la dizaine de voiliers au mouillage dont certains n'ont pas vu la mer depuis un moment. Le bâtiment sur la droite en bleu et blanc avec un bel environnement de verdure est le club nautique. Un ponton avance de la berge pour arriver sur un ponton flottant où se trouve quelques barques. Un monsieur nous hèle et nous invite à venir le long du ponton. Je demande le tirant d'eau. Nous sommes à marée haute mais nous n'avons que 2,3 m lorsque Capella accoste. Nous avons reçu un bel accueil on nous disant « Bienvenue dans la plus belle marina du monde ». En tout cas, certainement la plus sympathique et accueillante, on le verra par la suite.

 

Il nous propose l'eau pour le bateau, nous en profitons pour en faire de suite car vu le tirant d'eau, nous ne pouvons pas rester longtemps puisque la marée commence à descendre. Il nous indique de nous mettre à couple d'un petit voilier. La nuit est tombée. Capella est amarré provisoirement. Nous gonflons l'annexe pour faire un premier pas sur la terre d'Argentine.

 

Nous découvrons le club Vito Dumas, nom d'un grand marin argentin qui a fait le tour du monde au milieu du siècle dernier. C'est une grande salle avec un bar et de quoi cuisiner, une douche et des toilettes, le tout dans un décor désuet et vieillot mais avec pleins de souvenirs et de passage de marins même s'ils sont rare ici, 3 à 4 bateaux par an et encore... par contre un charme fou et une atmosphère de détente. Le club est entièrement à notre bon vouloir, il n'y a pas de clé, comme dit la maison, « c'est une maison bleue adossée à la ...rivière ! »

Club nautique Vito Dumas

La nuit au mouillage est la première depuis 21 jours de mer. Il faudra faire les papiers d'entrée sur le territoire et ce sera une autre aventure !

Le lendemain, nous rencontrons d'autres membres du club, ravis de nous recevoir qui nous disent d'aller à la Préfecture pour les papiers. Il faut savoir que la place pour le bateau est gratuit les 3 premiers jours et 10 dollars américains la nuit par la suite.

La tempête étant prévue samedi soir et dimanche, nous pensons partir mardi matin...

Il fait encore chaud, nous sommes en short et tee shirt en journée. Il fera froid après la tempête.

Comme nous ne parlons pas espagnol, ni eux français, nous arrivons un peu à communiquer en anglais mais pas avec tout le monde. Nous avons mis en place google traduction en application et en téléchargeant les dictionnaires de la langue y compris le Français, vous n'avez pas besoin de connexion internet.

En route pour 35 mn de marche pour la préfecture.

Heureusement, Guillermau nous aidera comme Daniel

Les membres du club, recevant 1 ou 2 bateaux par an, nous laisse accès libre et ce sera notre cocon pendant cette escale. Nous allons à la Préfecture maritime qui se trouve à 30 mn de marche. Nous allons alors découvrir toute l'incompétence et le délire administratif de ce service. Quand on arrive dans le bureau , ils sont 5 à se tourner les pouces et à regarder un match de foot. Tous en uniforme, on attend 5 mn avant qu'ils nous demandent ce que l'on souhaite. Ils finissent par baisser le son de la télévision... Ayant beaucoup de mal à se faire comprendre, il réalise enfin que c'est notre première entrée sur le territoire argentin et nous informent qu'il faut d'abord passer par la douane. Nous leur demandons de commander un taxi. Nous pensons, en discutant avec le chauffeur, qu'ils donnent l'adresse des douanes. N'ayant aucun pesos, le chauffeur nous conduit d'abord à une banque. Vu la crise, le retrait en espèce est impossible ou presque. Nous irons dans une 2ième banque qui limite les retraits à 30 € moyennant une commission de ...8 € de l'arnaque bancaire. Nous nous apercevons que la préfecture n'avait donné aucune indication au chauffeur qui ne sait pas où sont les douanes et nous revoilà au point de départ après 1 heure de virée par la ville et une partie de l'après midi. Après grande discussion avec la préfecture qui est incapable de nous donner l'adresse des douanes, On nous informe que c'est au club nautique de nous accompagner pour faire les démarches ! Nous revoilà reparti au club. Très gentil, ils se plient en 4 notamment Guillermo.

Nous découvrons que nous devons faire : le service santé, l'immigration, les douanes et enfin la Préfecture. Ce sera plus compliqué, on verra. A notre grande satisfaction, le soir au club, la personne du service santé vient nous donner le papier sans autres questions. Et nous devons payer une taxe de 69 429 pesos soit 68 € par virement. Sauf que depuis la crise, toutes les banques françaises interdisent les virements en Argentine. C'est donc une personne du club qui utilisera son compte perso. Nous devons le rembourser mais nous n'avons pas suffisamment de pesos puisque les banques limitent ! C'est un courtier privé qui nous dépannera avec un taux de change bien plus intéressant que la banque. Même pour payer, c'est une aventure !

Ce même soir, la personne de l'immigration vient au club pour faire les papiers ce qui prend quelques minutes. Là, on se dit quelle chance. Il est tard, il faudra aller au douane demain soit le lundi. Guillermo pensait que cela allait être rapide... Il nous emmène en voiture, le bureau de la douane se trouve...à 200m de la Préfecture ! Au départ, la douane voulait que l'on fasse nous même les photocopies. On comprend vite pourquoi, ils ne savent pas les faire mais en insistant, le sketch de la photocopieuse durera presque une heure. La douane outre copies passeport, papiers du bateau, on nous a demandé la liste des denrées à bord, le yacht devait également nous fournir 2 documents qui reprenait exactement les mentions des papiers du bateau, le comble c'est qu'il voulait le papier d'entrée de la préfecture alors que la préfecture nous disait qu'il fallait d'abord aller à la douane, ubuesque. Donc on retourne à la préfecture qui fait quand même le papier d'entrée pour retourner à la douane qui nous valide sans rien nous dire de plus et sans nous donner de justificatif de notre passage. Le doute s'installe en moi. Nous sommes arrivés vendredi soir et nous sommes lundi, nous voulons partir mardi matin. Donc, il nous faut le papier de sortie de la préfecture. J'y retourne l'après midi. Le même cirque commence, 5 personnes à glander en regardant la télé. Je demande mon papier de sortie pour demain. Le gros coup de vent est passé. Mais, le femme de la préfecture me dit qu'il y aura des vagues de 3m demain à l'entrée du port. Que décidez vous ? Peu importe mon avis, elle ne me donne pas le papier de sortie, revenez demain... je suis aller voir les vagues pour me rendre compte. Les bans de sables soulèvent en effet des vagues par vent fort mais la grande digue protège bien. Temps pis, on reste donc mardi. On en profitera pour remplir les bouteilles de gaz pour 4 € par bouteille. 30 € en France...Mardi, je retourne à la préfecture, 35 mn de marche. J'ai enfin mon papier de sortie pour mercredi. Alors un jeune de la préfecture qui me fait remplir un nouveau papier, me demande  « Vous êtes là cet après midi ? » Euh pourquoi ? Nous allons en ville. Parce que je vais faire une inspection du matériel de sécurité... Il ne pouvait pas m'en parler avant ! J'insiste pour avoir un horaire, 17h au club. En sortant, je décide de passer à la douane pour demander pourquoi je n'avais pas eu de justificatif de passage. Bien m'en a pris. Il fallait les revoir avec le papier de sortie ! Content de moi, je le lui donne. Et rebelote le sketch de la photocopieuse. Un petit jeune tente d'aider le chef. Il me donne le papier déjà fait de la douane m'autorisant à pouvoir laisser le bateau 8 mois en Argentine ! On s'en fout on part demain ! Sauf que je lui avait dit que l'on partait le mardi mais comme la préfecture me l'a interdit, panique aux douanes qui a marqué la date de mardi ! Il faut refaire le papier ! Et en plus il me fait remplir un nouveau! Je dois m'engager par écrit que je m'en vais du port demain. Le chef demande au jeune de remplir à la main la phrase type sauf que le jeune avait du mal, ce qui a énervé le chef qui l'a fait lui-même Je suis tout seul. Cela a mis plus d'une heure... A 17h, je suis au club pour l'inspection. 17H45, un membre du club, Daniel, tout sympathique et serviable, qui n'a rien à voir avec la préfecture, reçoit un appel lui demandant d'aller chercher le gars que j’attends depuis 3 quarts d'heure... Il est furieux mais va le chercher. 18H30, on va sur Capella. Je vois vite que c'est sa première inspection sur un voilier. Par exemple, nous avions sorti nos gilets de sauvetage afin de montrer que le déclencheur et la lumière automatique qui se trouve dans la doublure sont bien à jour. Mais il ne sait pas l'ouvrir. Dans ce cas là, tu laisse faire pour ne pas le vexer et d'un coup, il dit ok pour les 4 gilets qu'il n'a pas vérifié... Il avait sans doute envie de s'occuper. Tout se passe bien en tout cas , j'ai le nième papier avec plein de tampons. Cela nous a juste pris 3 jours. Je sais pourquoi je hais l'administration.

Ce mouillage au club a été lui, un bonheur avec des gens admirables et les deux chiens qui voulaient des caresses qui nous ont permis de nous abriter du coup de vent. A couple du petit bateau, celui ci a cassé une amarre pendant le coup de vent de la nuit, heureusement, je m'en suis aperçu lors de mon inspection et nous avons pu déplacer Capella sur un autre corps mort.

En passant en ville, nous voyons un titre de journal. Tempête 150 Km heure, 13 morts dans une discothèque à Bahia Blanca suite à l'effondrement du toit. Nous aurions dû être dans la zone si on avait continué...

5 heures du matin, il fait jour. Nous quittons notre mouillage et descendons la rivière. Beaucoup d'oiseaux et des phoques nous regardent Nous devons appeler la préfecture sur le 12 pour dire que nous quittons le port. A la sortie, il reste quelques vagues qui ne posent pas de problème pour Capella. Nous hissons les voiles, direction le sud ouest. Soudain à la VHF, on entend la surveillance qui nous appelle pour nous demander où on va, combien de personnes à bord... Là, mon sang ne fait qu'un tour et je lui réponds qu'il n'a qu 'à regarder tous les papiers que je suis passé remplir pendant 3 jours dans toutes les administrations. Blanc à la VHF... pour réentendre Capella à nouveau 2 mn après … je coupe la VHF pour avoir la paix... je hais l'administration.

Visite au club nautique

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